Alors que la banque ING vient d'annoncer la fermeture d'une cinquantaine d'agences en Belgique, le phénomènen'épargne pas la France. Selon une étude, 15 % des agences devraient fermer d'ici à 2024 dans l'Hexagone. La cadence reste cependant moins forte que dans le reste de l'Europe.
Sur la période 2016-2020, la taille du réseau
d'agences bancaires dans l'Hexagone avait déjà diminué de 13,4 %. (ALLILI MOURAD/SIPA)
Par Romain Gueugneau
Publié le 23 nov. 2021 à 7:25
La nouvelle a suscité un certain émoi en Belgique. La banque néerlandaise ING a annoncé en fin de semaine dernière qu'elle allait fermer une cinquantaine d'agences dans le pays. Le réseau passerait ainsi de 405 agences à fin 2021 à 350 un an plus tard. La majorité de ces fermetures concerne le réseau en propre de la banque, qui passera de 94 agences à 50. Le reste du réseau est en effet composé de bureaux franchisés, un modèle courant en Belgique et aux Pays-Bas.
Ces fermetures n'occasionneront pas de perte d'emploi, a assuré la direction, avec des redéploiements d'effectifs dans des agences plus grandes, capables d'apporter plus d'expertise aux clients, dans un contexte de digitalisation croissante des services. L'an dernier, ING avait déjà supprimé une soixantaine d'agences en propre.
Malgré un contexte de forte reprise et des résultats record , les réseaux bancaires poursuivent leur cure d'amaigrissement un peu partout en Europe. Le phénomène n'épargne pas la France. Selon une étude réalisée par le cabinet Sia Partners, le nombre d'agences devrait diminuer de 15 % d'ici à 2024, pour tomber de 32.276 fin 2020 à 27.578 agences.
Une densité record
Le rythme s'accélèrerait légèrement par rapport aux années précédentes. Sur la période 2016-2020, la taille du réseau dans l'Hexagone avait en effet diminué de 13,4 %. La baisse de fréquentation en agences, avec l'utilisation croissante des applications et services en ligne, dans un contexte de marché toujours contraint par l'environnement de taux bas, conduit les banques à optimiser davantage leurs réseaux de distribution.
La pandémie de Covid-19 a encore renforcé cette tendance, avec un usage accru des solutions de banque à distance, même si les agences sont restées ouvertes durant les différents confinements. Des opérations spécifiques comme le rapprochement en cours des réseaux Société Générale et Crédit du Nord contribuent aussi au phénomène : près de 30 % des agences du groupe devraient disparaître d'ici à 2025.
La situation reste néanmoins différente par rapport aux autres pays européens. La réduction de 15 % du nombre d'agences en France d'ici à 2024 est à comparer avec une baisse d'environ 25 % pour le reste du continent, selon Sia Partners, similaire à ce qui a été constaté ces dernières années.
« Le secteur bancaire français reste caractérisé par une forte densité en termes d'agences », rappelle Marin Delattre, manager chez Sia Partners. Selon la Banque centrale européenne, on compte 481 agences pour un million d'habitants dans l'Hexagone, contre 472 en Espagne, 290 en Allemagne et 211 en Belgique.
Un secteur dominé par les mutualistes
Le secteur demeure dominé par les banques mutualistes comme Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel. Organisées par régions, elles revendiquent leur attachement à un modèle de proximité, ce qui se traduit par un maillage étroit du territoire. Elles ferment des agences, mais à un rythme inférieur de moitié, en moyenne, à celui des banques dites « commerciales » comme BNP Paribas, Société Générale et LCL.
Dans une industrie très concurrentielle, où la clientèle demeure attachée à un service de proximité, les établissements n'oublient pas non plus « les risques liés aux fermetures d'agences, qui peuvent entraîner des pertes de parts de marché et une possible dégradation de l'image perçue par les clients », commente Marin Delattre.
Depuis le début de la crise sanitaire, les banques tâchent aussi d'adapter l'organisation du travail dans leurs réseaux. C'est le cas par exemple de la BRED (Banque Populaire), qui a adopté le modèle des agences ouvertes uniquement sur rendez-vous . « Il y a une volonté globale d'optimiser le fonctionnement des réseaux. Mais cela ne passera pas uniquement par des fermetures pures et simples », prévoit Marin Delattre.
Romain Gueugneau