BNP, SG et Crédit Mutuel accélèrent la mutualisation de leurs distributeurs de billets

Après une phase de test et le déploiement d'un peu plus d'une centaine de sites communs aux trois banques, plusieurs centaines de migrations vont être opérées chaque mois. Quelque 3.000 sites devraient être sous le logo Cash Services d'ici la fin de l'année.

L'ère de la mutualisation des distributeurs automatiques de billets (DAB) est enfin arrivée. En 2025, BNP Paribas, Crédit Mutuel Alliance Fédérale (et sa filiale CIC) et Société Générale (SG) vont drastiquement accélérer le passage d'une partie de leurs automates sous pavillon Cash Services, une société dont ces établissements sont tous trois actionnaires.

Annoncé fin 2021, le déploiement n'a finalement débuté que fin 2023. Et pour le moment, seuls 150 (plusieurs automates peuvent être présents sur un même site) ont migré sous les couleurs de la nouvelle marque. Mais ce nombre va doubler d'ici la fin du mois de février et atteindre environ 1.000 au mois de juin.

L'objectif final est toujours fixé à 7.000 sites Cash Services d'ici fin 2026. « Après une année pilote, nous entrons dans la phase logistique du projet, explique Olivier Fournier le président de 2SF, la société chargée de gérer le parc commun. Nous avons maintenant atteint le rythme d'une centaine de migrations par semaine. »

Le travail reste titanesque : sur chaque site, il faut vider les fonds restant des banques respectives, les remplacer par des liquidités Cash Services, changer le logiciel et le logo, pour ne citer que les actions les plus visibles.

L'objectif étant que les clients des banques partenaires, une fois leur carte insérée dans un automate Cash Services, se retrouvent dans l'univers de leur propre banque où ils auront accès gratuitement à la palette complète des services des DAB : le dépôt et le retrait de billets, d'espèces et le dépôt de chèques, ainsi que plusieurs services bancaires comme les virements, la consultation du solde et l'historique de son compte.

Limiter les coûts

En regroupant leurs forces, les trois réseaux comptent accélérer la rationalisation de leur parc d'automates, et limiter les coûts liés à leur exploitation. Au total, l'opération va leur permettre de supprimer 3.000 sites sur une base identifiée de 10.000. Soit une baisse de 30 %.

Pour autant, les parties prenantes assurent que l'accessibilité au cash de leurs clients respectifs sera améliorée. Les suppressions sont concentrées dans les grandes villes, où les quatre enseignes sont présentes.

Mais la sensibilité du sujet est telle qu'après son annonce, fin 2021, le projet a nécessité plus de dix mois de travail de cartographie rien que pour identifier les sites qui seront supprimés - l'analyse est allée jusqu'aux heures d'utilisation des DAB afin d'éviter les embouteillages et la frustration des clients.

Pour certaines petites communes, la fermeture d'une agence et du dernier distributeur de billets est devenue un enjeu politique tant il est déterminant pour l'activité économique locale. Certains élus locaux n'hésitent pas à déclencher de véritable bras de fer avec les banques en question.

Malgré l'évolution des usages, les espèces représentent encore 19 % des paiements quotidiens, selon les dernières estimations de la Banque de France.

Communes désertées

La problématique des collectivités locales a, d'ailleurs, été identifiée par Cash Services. Raison pour laquelle à compter du mois d'avril, la société se tient prête à répondre aux appels des communes désertées par les services bancaires.

« Cette initiative permettra à chaque commune, même sans la présence d'une agence locale de l'un de nos actionnaires, de proposer à ses habitants un point de contact bancaire de proximité », souligne l'entreprise dans son communiqué.

Plusieurs initiatives similaires existent déjà. A l'image de celle du transporteur de fonds Brink's, qui a développé son offre « Point Cash », ou encore Crédit Agricole qui a lancé les Relais CA où il est possible de retirer de l'argent auprès de commerçant partenaires.

Pour se différencier, Cash Services met en avant le volume significatif de sites qu'il est appelé à gérer dans toute la France pour sa mission primaire, ce qui lui permettrait de proposer des coûts attractifs et un avantage logistique. Deux communes ont déjà fait appel à Cash Services, assure l'entreprise. L'une dans la région de Strasbourg, l'autre dans la région du Rhône.

Gabriel Nédélec