Paiement : ChatGPT devient un outil d'achat grâce à Stripe
La fintech s'est associée à OpenAI pour permettre aux utilisateurs américains de ChatGPT de faire des achats directement depuis l'agent conversationnel. Développée en open source, la technologie sous-jacente permet à d'autres plateformes d'intelligence artificielle d'intégrer des fonctions d'achat.
Par Rachel Cotte
Publié le 23 oct. 2025 à 17:22
Faire son shopping sur ChatGPT, une idée saugrenue ? Le spécialiste du paiement Stripe y voit au contraire le futur du commerce en ligne. Et il compte bien en tirer le meilleur parti grâce à son partenariat annoncé le mois dernier avec OpenAI autour du lancement d'Instant Checkout. Cet outil permet aux utilisateurs américains de ChatGPT d'acheter auprès de certains commerçants directement dans la conversation.
La technologie repose sur l'Agentic Commerce Protocol. Codéveloppé en open source par OpenAI et Stripe, il doit permettre à d'autres plateformes d'intelligence artificielle (IA) d'intégrer des fonctions d'achat à leur application.
Concrètement, lorsqu'un utilisateur fait une requête à ChatGPT pour trouver un produit, l'assistant virtuel lui affichera les choix les plus pertinents. Si un produit est compatible avec Instant Checkout, l'utilisateur peut confirmer sa commande ainsi que ses informations de livraison et de paiement, puis finaliser l'achat, le tout sans jamais quitter la conversation.
125 méthodes de paiement accessibles
« Chez Stripe, nous avons longtemps aidé les entreprises à vendre sur tous les canaux disponibles. Originellement, c'était sur les sites web, sur les applications, et ensuite en physique avec notre terminal. Maintenant, la vague actuelle, ce sont les agents d'IA », rappelle Emily Glassberg Sands, en charge de l'IA chez Stripe.
Les conclusions des récents rapports sur le sujet tendent à lui donner raison. Le Boston Consulting Group (BCG) cite notamment une enquête réalisée auprès de consommateurs américains révélant que 81 % d'entre eux envisagent d'avoir recours à l'IA agentique pour leurs achats.
Mieux, la fonctionnalité proposée par ChatGPT pourrait vite s'étendre au-delà des frontières états-uniennes. « Nous nous attendons à ce que la vague du commerce agentique déferle rapidement. Il n'y a pas de barrières structurelles pour l'expansion à travers les marchés ou les pays », souligne Emily Glassberg Sands. D'autant que Stripe accepte plus de 125 méthodes de paiement, « ce qui donne à Instant Checkout la capacité technique de gérer des paiements à l'échelle mondiale ».
« Toute la question autour du commerce agentique, c'est : jusqu'où on délègue ? Sur le partenariat avec ChatGPT, on est sur une transaction qui reste finalement assez classique, ça ne va pas effrayer le consommateur, qui garde le contrôle. Mais on parle à terme de choses assez révolutionnaires », observe François Cortés, senior manager chez Oaklen Consulting.
Nouveau vecteur de fraude ?
Plusieurs géants des paiements comme Visa et Mastercard développent en effet des solutions de paiement qui pourraient permettre aux agents de faire des achats de façon pleinement autonome à la place du consommateur, en respectant les critères fixés par ce dernier.
Le développement de ces outils pourrait faire émerger de nouveaux risques, notamment en termes de fraude. « Il y a certainement de nouveaux vecteurs potentiels pour la fraude dans le monde du commerce agentique, mais nous avons été très attentifs en concevant un nouveau composant, avec nos partenaires et plateformes d'IA, qui permet à des applications comme ChatGPT d'initier une transaction sans jamais exposer les informations de paiement de l'acheteur », assure Emily Glassberg Sands.
Outre de solides garanties contre la fraude, le développement du paiement via IA agentique passera aussi nécessairement par l'unification ou l'interopérabilité des différents protocoles développés. « Si les règles sont différentes en termes de remboursement en cas de fraude ou de non-satisfaction des produits pour chaque réseau de paiement - par exemple si un commerçant passe par Visa et Mastercard - cela risque de générer des parcours complexes pour les clients comme pour les commerçants », estime François Cortés. La révolution ne fait que commencer.
Rachel Cotte
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